(avertissement : cet article a été rédigé au mois de juin 2020 - certaines dispositions anticipées dans ce récit ont été appliquées, d'autres sont devenues obsolètes, et la réglementation a évolué...)
Après de longues semaines de confinement, qui ont vu les mariages du printemps être reportés les uns après les autres, avant que les incertitudes liées à la sortie de cette crise sanitaire n'incitent à leur tour les futurs mariés ou leurs prestataires à décaler les mariages prévus pour cet été, l'espoir renaît !
Cet article n'a pas pour vocation à expliquer, justifier ou critiquer les consignes sanitaires données par le gouvernement. Celles-ci évoluent en fonction de la situation, et il est malheureusement difficile de prédire quelles seront les exigences en matière de mesures barrières et de distanciation... En revanche nous voulons présenter, sous la forme d'un récit de fiction humoristique, ce qui peut être mis en place lors d'un mariage à l'église en période de déconfinement, et ainsi inspirer les futurs mariés et leurs familles à la recherche d'idées pour appliquer les mesures de base... et pourquoi pas les aider à convaincre le prêtre de la paroisse dans laquelle le mariage doit avoir lieu que toutes les conditions seront réunies pour préserver la santé de tous ! Cette fiction a été écrite suite à l’épidémie du coronavirus (Covid-19 pour les intimes), mais elle restera valable pour d’autres pandémies et épidémies, qu’elles soient exceptionnelles ou plus communes, comme la grippe saisonnière.
Le jour J est enfin arrivé pour Mathilde et Antoine ! Après de longues semaines de doute, pendant le confinement tout d’abord lorsque les lieux de culte ont été fermés, lorsqu'ils ont appris que certains de leurs amis ayant prévu de se marier au mois de juillet reportaient leur mariage, lorsque le traiteur et la salle de réception les ont appelés en panique, sans que personne ne sache quelle serait l’issue de cette crise, et quand cesserait l’immobilisation totale du pays… au moment du déconfinement ensuite, quand les annonces étaient sans cesse repoussées, laissant les rumeurs décourager les couples ! Mais lorsque nos 2 fiancés ont appris que les lieux de culte étaient de nouveau ouverts, sous conditions, ils furent soulagés d’avoir maintenu coûte que coûte la date de leur mariage, et se sont mis à travailler sur un protocole sanitaire irréprochable afin de rassurer le curé de l’église, et pour lui prouver qu’il avait eu raison de leur faire confiance en conservant la date tant attendue ! Evidemment, l’abbé leur avait répété qu’ils devraient impérativement passer devant le maire pour que le mariage à l’église puisse avoir lieu. Mathilde et Antoine s’étaient alors félicités d’avoir célébré leur mariage civil au début du mois de mars. Au moins ils n’avaient pas eu à se préoccuper de cette formalité qui pouvait s’avérer bien compliquée selon les municipalités…
L’heure de la cérémonie approche. Les invités se garent à proximité de l'église. Ils ont été prévenus la veille par SMS : tout le monde doit éviter les grandes embrassades et les poignées de main sur le parvis. Les effusions sont à réserver pour le cocktail, qui aura lieu dans un domaine privé où les consignes gouvernementales ne s’appliquent pas... les futurs mariés ont tout de même fait appel à la responsabilité et au bon sens de chacun, afin d’éviter la propagation du virus au cas où l’un des invités serait contaminé.
La famille, les témoins et amis des mariés entrent dans l'église, sans précipitation, en prenant soin de respecter les distances de sécurité. Après la grande porte maintenue ouverte se trouvent quelques distributeurs de gel hydro-alcoolique assortis aux couleurs du mariage, à disposition des invités qui se servent d'une pression du coude.
Les mains propres et désinfectées, ils peuvent à présent pénétrer dans la maison de Dieu, prendre un peu d'eau bénite et se signer avant de rejoindre les bancs.
Afin de fluidifier la circulation dans l'église, les frères d’Antoine ont fléché la veille les allées grâce à des panneaux et des symboles posés au sol, indiquant aux invités le sens de passage : chacun emprunte l'allée centrale, en se dirigeant vers l'autel, puis prend place sur un des bancs. Ceux-ci portent de petits panneaux indiquant s'ils sont réservés aux familles des mariés, aux témoins ou aux enfants d'honneur, afin d'éviter que les invités se croisent en cherchant une place, s'engouffrant dans une rangée avant de se rendre compte que la place est réservée à d'autres, pour ensuite rebrousser chemin en bousculant d'autres convives en perdition... Les mariés n'ont pas voulu pousser jusqu'à faire un plan des bancs, en attribuant une place à chaque invité et en l'indiquant à l'aide d'un numéro de rangée par exemple... cela aurait demandé du travail supplémentaire, après le stress des dernières semaines concernant le maintien du mariage à cette date. Et ces places attitrées auraient encore froissé les susceptibilités des uns et des autres, comme le plan de table pour le dîner. Mais le curé leur en avait parlé de cette option ! Ils ont préféré compter sur le civisme de chacun, en espérant que les gens seraient suffisamment responsables pour prendre leur place les uns à la suite des autres, sans chercher à être le plus près possible de telle ou telle connaissance.
Sur ces grands bancs, dont la capacité a été limitée à 3 personnes afin que chaque fidèle dispose de son espace vital (les 4m² réglementaires), les livrets de messe déposés avant la cérémonie indiquent à chacun une place assise disponible. En espaçant les #livrets de manière à respecter la distanciation sociale, les mariés ont voulu faciliter l'installation de leurs familles et amis en rendant les règles simples et claires. En ouvrant leur livret – les mariés ont veillé à ce que chaque personne dispose de son propre livret de mariage, les invités ont eu la surprise et la joie d'y trouver un masque en tissu aux couleurs du mariage et du cortège qui entrera bientôt dans l'église... un souvenir bien utile !
Comme certains proches ont préféré décliner l'invitation en raison de leur état de santé fragile, le vidéaste a gracieusement proposé d'inclure dans sa prestation la diffusion en direct de la cérémonie et de la suite des festivités. Il était lui aussi ravi que ce mariage soit maintenu, après avoir vu la haute-saison des mariages fondre comme neige au soleil… Nous le voyons remonter l'allée à reculons, caméra au poing, précédant le futur marié qui s'avance au bras de sa mère.
Antoine porte un joli masque assorti à sa lavallière. Il prend place derrière son prie-Dieu. Quelques instants après, laissant juste le temps au photographe et au vidéaste de reprendre leur place à l'entrée de l'église, la première partie du cortège s'élance. Les enfants ont été dispensés du port du masque, ce qui permet de contempler leurs grands sourires. Enfin arrive la mariée accompagnée de son père. Son masque arbore un joli rappel de la dentelle parant le long voile, que tiennent les trois demoiselles d'honneur... Dans ses mains, le bouquet réalisé par le fleuriste du village, qui a pu s'approvisionner auprès d'horticulteurs de la région. La crise avait été un élément déclencheur pour Antoine et Mathilde, conscients à présent de l'importance des petits producteurs, commerçants ou artisans, eux qui étaient restés des repères, des valeurs sûres pendant toutes ces semaines !
Les mariés ont pris place côte à côte. Ils retirent à présent leur masque, leurs fauteuils étant éloignés du chœur, où se trouvent le curé et les servants de messe, et du reste de l'assemblée. Les enfants de chœur essaient d'ailleurs d'assurer le service en respectant au mieux les distances de sécurité. Comme l'église est vaste, le prêtre n'a pas eu à réduire leur nombre.
Après l'échange des consentements débute la messe, qui se déroule comme à l'accoutumée. Il a seulement fallu veiller à bien respecter les sens de circulation dans les bancs et les allées au moment de la communion, et les invités avaient trouvé toutes les consignes nécessaires dans leur livret. Arrive enfin la signature des registres : plusieurs stylos ont été disposés sur la table de la sacristie pour le prêtre, les mariés et leurs témoins. Tout a vraiment été prévu dans les moindres détails... Les invités quittent à présent l'église, bancs par bancs en commençant par les rangées du fond, afin d'assurer une sortie fluide sur le parvis. Il n’y a pas de distribution de pétales et de confettis : les invités ont trouvé le nécessaire dans un petit sachet fixé au dos du livret de messe.
Les attroupements de plus de 10 personnes étant interdits sur la voie publique, chacun rejoint une zone distincte du parvis afin de constituer de multiples groupes d'une dizaine de personnes. Antoine et Mathilde se présentent à la porte de l'église : malgré le fait que tous les invités portent leur masque, l'assemblée hurle sa joie ! Après quelques photos avec leurs parents, les nouveaux époux se dirigent vers la voiture qui mènera le cortège jusqu'au lieu de réception. Là-bas, les parents, les frères et sœurs, les témoins et les amis pourront féliciter les mariés puis prendre la pose devant le photographe.
En attendant, Monsieur le curé est bien soulagé que tout se soit déroulé comme prévu : sa plus grande crainte était de donner du grain à moudre au préfet, qui aurait pu saisir le moindre prétexte pour fermer l'église et mettre ainsi dans l'embarras ses fidèles et tous les fiancés ayant prévu de se marier ici dans les prochaines semaines... il a malheureusement quelques confrères qui en ont fait l’amère expérience dans d’autres départements. Le sacristain s’est équipé et procède maintenant à une rapide désinfection des bancs et des prie-Dieu. Le mobilier aura été soumis à rude épreuve par les différents produits ce mois-ci, après 8 longues semaines d’abandon ! Mais revoir leur belle église pleine et fleurie n’était pas pour déplaire au curé et au fidèle bedeau…
Selon vous, est-ce que toutes les mesures de base ont été respectées ? Avez-vous prévu d'en appliquer quelques-unes, même une fois que le gouvernement aura levé les dernières restrictions sanitaires ? Tous nos vœux de bonheur aux personnes ayant maintenu leur mariage pour cet été, et bon courage à toutes celles ayant été contraintes de le reporter !
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